Dans les écoles, tout se met en place pour tenter d’avoir une année scolaire 2020-2021 sans encombre. La date officielle pour la reprise scolaire était le 6 octobre. Cependant les écoles catholiques avaient repris plus tôt afin de faire des tests et de vérifier de cette façon le niveau de chacun.
Situation dans les écoles primaires
Les résultats de ces tests sont assez catastrophiques dans les écoles primaires et pas moins de 67 élèves sur 99 doivent recommencer à Andrénalafotsy tandis que 155 élèves sur 239 doivent doubler à Tandila.
Il y a eu aussi une cinquantaine d’abandons, des élèves qui ne se sont pas présentés pour les tests. La question est entière, reprendront-ils l’école ? Nous l’espérons mais rien n’est moins sûr étant donné que les parents ont pu compter sur leur main d’œuvre pendant le confinement partiel et ont peut-être choisi de les maintenir au travail. A moins que ce ne soit les enfants eux même qui, ayant repris goût à une vie sans horaire, ne sont plus motivés?
On pourrait se décourager, ou les juger. Essayons plutôt de nous mettre à leur place un instant : chez nous, le confinement n’a pas empêché la plupart (pas tous malheureusement) des élèves et étudiants de suivre des cours par internet, de faire des travaux de groupe etc… Et là bas ? En dehors du temps de confinement total, les élèves étaient invités à venir chercher du travail et à le faire chez eux . Mais, sans personne pour les aider (leurs parents étant souvent analphabètes), comment étudier dans de bonnes conditions lorsque les habitations sont des cases sans électricité et sans aucun confort. Comment se concentrer lorsqu’il n’y a souvent qu’une seule pièce et un grand nombre d’enfants ?
Il aurait été possible de ne pas faire de test et de faire monter tous les élèves de classe mais cela aurait vraisemblablement hypothéqué les années suivantes. Je pense que la décision des directrices de faire doubler tous ceux qui n’ont pas les acquis nécessaires est une bonne décision, même si cela ne nous fait pas plaisir de voir ces chiffres !
L’équipe de Madaquatre leur est profondément reconnaissante pour tout leur travail durant toute cette période extrêmement difficile. Le fait d’avoir maintenu le plus possible la cantine, d’avoir organisé une tournante pour les élèves confinés, d’avoir réalisé la pépinière, oui, bravo à elles ! Surtout qu’il nous revient que beaucoup d’écoles ont tout simplement fermé et que les enseignants sont rentrés chez eux en famille. Je pense que nos élèves ont de la chance et j’espère que eux aussi sont reconnaissants !
Nous avons reçu quelques photos qui montrent bien que les élèves venaient par niveau et en profitaient pour bénéficier de la cantine scolaire.
Les travaux de la cantine scolaire à Andrénalafotsy avaient été interrompus lors du confinement, ils sont bel et bien terminés et les réchauds économiques traditionnels ont été scellés dans le sol pour empêcher les vols !
Les cuisinières sont enchantées de ce mode de cuisson, beaucoup plus rapide et demandant la moitié moins de bois mort.
Situation au collège
Les résultats des examens d’état pour la 3° viennent de nous parvenir et 8 élèves sur 10 sont diplômés. C’est la première fois que des élèves sortent du collège de Tandila et ces résultats en ont étonné plus d’un au point que sr Clémentine, la directrice du collège, a été vivement remerciée par ses collègues du district car grâce à Tandila, la moyenne des réussites augmentait fortement.
La question actuelle … ces 8 élèves pourront-ils poursuivre leurs études dans un Lycée ? Le proviseur du Lycée public de Bemanonga a demandé un rendez-vous pour analyser la situation. Espérons que le parcours de ces 8 premiers ‘sortants’ de nos écoles ne doive pas s’arrêter là ! Bemanonga se situe à 18 km de Tandila !
Nous avons reçu, en même temps que les résultats, un appel à l’aide afin de permettre à ces 8 élèves de continuer leurs études… Nous avons beaucoup réfléchi lors de notre dernière réunion du team, et malheureusement nous ne trouvons pas de solution réellement envisageable. Nous pourrions aider ces premiers sortants, mais ensuite, le nombre d’élèves sortants va croître et embellir d’année en année et nous ne pourrons pas assumer tout cela !
Aussi, nous avons demandé aux religieuses ce qu’il était possible de faire pour motiver les parents … car il semblerait que les jeunes soient très motivés et leur parents beaucoup moins !
Nous continuons à chercher et espérer une solution malgré tout ! Si vous connaissez un établissement scolaire ou une entreprise ou… qui pourrait s’engager à long terme à nos côtés, surtout, n’hésitez pas à nous contacter !
Pour les 3 autres classes du collège, les résultats sont également très supérieurs à ceux des écoles primaires. Sur 73 élèves, 3 seulement ne peuvent monter en classe supérieure.
Au collège aussi, il y a malheureusement des abandons et entre autre deux jeunes filles de 13 et 14 ans qui « ont trouvé un mari » pendant le confinement ! Cela nous fait mal au cœur et nous savons combien il est urgent de travailler à la protection des jeunes filles … et en même temps nous sommes très conscients que vouloir aller trop vite ruinerait tout ce qui a déjà été réalisé en 10 ans ! C’est un travail de longue haleine et nous ne pouvons jamais oublier tout ce que les habitants de ces deux villages ont déjà vu comme changements dans leur quotidien depuis l’implantation des écoles, et ensuite l’arrivée des sœurs et le dispensaire !
Nos écoles ont bonne réputation, et ont d’ailleurs été choisies pour accueillir les élèves des autres écoles lors des épreuves des examens d’état. Les religieuses et enseignants ont eu beaucoup de travail pour tout désinfecter, mais c’est en même temps une belle reconnaissance.
C’est aussi une grande joie de constater que pas mal d’écoles se sont ouvertes dans la région du parc d’Andranomena alors que lorsque nous avons commencé avec les frères capucins, il n’y avait qu’une petite école publique, fermée car les enseignants avaient déserté, n’étant plus payés.
Geste de notre partenaire, l’AMIE
Je voudrais également vous partager un beau geste de l’AMIE (Aide Médicale Internationale à l’Enfance) qui, consciente des difficultés occasionnées par le Covid, a débloqué une somme de 3600€ de ses fonds propres afin que les élèves puissent avoir un masque, du savon, du matériel scolaire et si nécessaire des médicaments.
Il est vrai que les parents ne peuvent assumer cela, surtout maintenant après un confinement de plusieurs mois et leur très grande difficulté à nourrir leurs enfants. Cela aurait été difficile aussi pour Madaquatre vu le manque à gagner de ces derniers mois. Merci l’AMIE.