Comme presque chaque année depuis 11 ans, Michelle invite les parrains qui le souhaitent à se joindre à elle pour un voyage à Madagascar à la découverte de la réalité des projets. Cette année, elle était accompagnée de Jacqueline, Geneviève et Philippe, tous trois parrains de la première heure. Elle nous raconte leur périple.
Le voyage s’est très bien passé. Malgré l’état des routes déplorable, nous avons pu passer une semaine complète à Morondava pour évaluer l’avancement des projets et rencontrer tous les intervenants : directrice, enseignants, élèves et parents. Nous avons également bien avancé sur les problèmes d’eau et d’électricité, l’un des principaux objectifs du voyage.
L’état des routes s’est encore dégradé …
Cette année, nous n’avons pas pu aller dans le nord, comme prévu au départ, car l’état des routes était vraiment désastreux ! Nous avons fait 3.250 km en un petit mois par des nationales et des pistes en tellement mauvais état que nous ne pouvions guère faire plus de 300 km par jour, d’autant qu’il n’est pas recommandé de rouler dès que le jour tombe ! Nous ne sommes pas allés non plus à Fianarantsoa , pour les mêmes raisons !
Un départ en douceur …
Nous avons appris quelques jours avant notre départ que l’obligation de confinement dans un hôtel agrée par l’état était levée. Difficile de changer notre programme en si peu de temps. Notre périple a donc commencé par 3 jours à Antananarivo. Nous en avons profité pour visiter le centre ASA (Aide aux Sans-Abris : www.asa-madagascar.org) où nous avons pu rencontrer des travailleurs motivés et des bénéficiaires encore quelque peu craintifs, car ils venaient d’arriver au centre. Belle expérience.
Nous nous sommes aussi octroyés un jour et une nuit au parc d’Andacibe, après une courte halte pour admirer des caméléons. Andacibe est une aire protégée où nous avons eu la chance de voir 4 sortes de lémuriens dans leur site naturel ! Que de beauté !
En route vers les écoles
Malgré notre impatience de (re)voir les écoles, il nous a fallu 3 jours pour y arriver ! Antananarivo – Antsirabé, Antsirabé – Miandrivaso et enfin Miandrivaso – Morondava ! Quelques belles rencontres en cours de route et de très beaux paysages … n’empêche, quelle joie d’arriver à destination !
Nous étions attendus à l’évêché où nous logions comme par le passé. Accueil des uns et des autres et contact téléphonique avec sr Clémentine elle aussi très impatiente !
Le lendemain, enfin les écoles, mais pas encore les élèves, car c’était le jeudi de l’ascension ! Nous passons un bon moment avec les religieuses qui nous exposent le programme et quelques-unes des difficultés auxquelles elles sont confrontées. Nous savions que la vie des Malgaches était de plus en plus difficile, mais nous n’imaginions pas à quel point !
Leur principale préoccupation est le village d’Andrénalafotsy où les parents, presque tous illettrés, ne sont pas en mesure d’aider leurs enfants et ne comprennent pas toujours la nécessité d’envoyer leurs enfants à l’école régulièrement.
La cantine scolaire et le petit déjeuner offert (par l’AMIE) depuis la période Covid est « une bonne carotte » mais cela ne suffit pas. Sr Jeannette, actuelle directrice de cette école, bien que malade, a transmis sa liste de désidérata afin que nous puissions en prendre connaissance. Toutes les demandes sont justifiées pour améliorer le niveau de l’école. Mais la demande principale est vitale : de l’eau !
A Tandila, pas de gros problèmes, juste une importante surcharge de travail pour sr Clémentine !
Les écoles fêtent les 10 ans de Madaquatre
Cette fête devait avoir eu lieu en 2021, mais comme notre voyage avait dû être annulé, les enseignants l’ont programmée à nouveau ! C’est émouvant de voir plus de 500 élèves rassemblés alors qu’il y en avait seulement une vingtaine en 2011 !
Chaque enfant reçoit un ballon et c’est la joie ! Les sourires se font plus nombreux et les grands viennent naturellement aider les petits ! Tous s’amusent comme des petits fous !
Ensuite ce sont les danses par section et enfin le repas ! Une très belle journée qui nous donne envie de dire un tout grand MERCI à tous ceux qui rendent cela possible !
À propos de l’eau …
Nous avons mis le samedi à profit pour nous rendre au bureau de l’ONG Louvain-Coopération afin d’avoir plus de renseignements et peut-être des pistes pour les problèmes d’eau. C’est là que nous apprenons qu’il y a un code de l’eau à Madagascar et qu’il serait intéressant que nous rencontrions le directeur du bureau du ministère de l’Eau et de l’Assainissement ici à Morondava ainsi que, peut-être, l’association Helvetas, association suisse de forage.
Nous nous rendons aussi au village de Mangily où le problème de l’eau a pu être résolu grâce à la mise en place d’un comité de gestion.
Les contacts avec le représentant du ministère, rencontré le lundi, était par contre moins positifs. En effet, lorsqu’il a réalisé qu’il s’agissait d’écoles catholiques, son discours a changé. Alors qu’il était prêt à nous fournir toute l’aide nécessaire et à venir inaugurer les infrastructures avec la presse du moment que nous amenions les fonds, il devenait très difficile d’avoir même le code de l’eau ! Il nous l’a promis … mais nous ne l’avons toujours pas reçu !
Visite des classes
À partir du lundi après-midi, nous visitions les classes une par une… moment certes répétitif, mais tellement nécessaire, car il permet aux élèves comme aux enseignants de montrer les efforts fournis.
La question de la langue reste omniprésente : les enseignants doivent donner cours en français alors qu’ils ne maîtrisent pas la langue. Heureusement, ils traduisent systématiquement en malgache afin que les enfants, eux aussi, puissent comprendre. Madaquatre a déjà proposé un cours de français pour les enseignants, mais cela n’a jamais pu être mis en place. Aujourd’hui, les enseignants sont demandeurs et cela semble pouvoir se mettre en route avec l’aide de l’évêque. La balle est dans leur camp. Une belle avancée en perspective !
Bâtiments et travaux
Le lendemain, visite de tous les bâtiments avec l’entrepreneur et découverte de ce qui a été réalisé depuis 2019 ! Et surtout, approche concrète du problème de l’électricité et de l’eau ! Geneviève et Philippe qui étaient du voyage ont été d’une très grande aide !
Pour l’électricité, les panneaux solaires, les batteries et les régulateurs peuvent être opérationnels après un bon décrassage et quelques réparations. Nous réalisons qu’il n’y a eu aucun entretien depuis 2017 et nous chargeons donc Rivo, représentant de Madaquatre à Madagascar, d’assurer le suivi dorénavant.
Concernant l’eau, le problème est bien plus important et n’est pas identique à Tandila où à Andrénalafotsy. À Tandila, heureusement, la solution n’est pas difficile à trouver, car il y a encore des puits fonctionnels. Un château d’eau va dès lors y être construit au sein de l’école et pourra répondre aux besoins de ce village-là, tant pour les élèves que pour la cantine. En revanche dans le village d’Andrénalafotsy, le problème est crucial, car il n’y a plus de puits, plus d’eau du tout. Ils doivent faire 8 km à pied pour s’alimenter en eau ! Pour répondre à leur appel à l’aide, il faut rechercher une veine d’eau potable, en espérant qu’elle soit sur le terrain de l’école pour que les problèmes administratifs soient moindres.
Une association amie, l’ABM, nous a prévenus qu’il faudrait sans doute forer un puits à 70 m de profondeur ! Du jamais vu dans cette région difficile d’accès. Et les implications sont multiples : demander l’aide des villageois pour préparer un pont permettant le passage des engins de forages jusqu’au village ; constituer un comité de gestion pour gérer le forage et la distribution d’eau ; former quelques personnes pour entretenir le puits ! Sachant que la plupart des villageois ne savent ni lire ni écrire, nous sommes devant de grosses difficultés ! Heureusement, sur place, nous avons l’aide possible et espérée de l’ONG Louvain Coopération et la possibilité pour Rivo de se rendre sur place et de rencontrer les corps de métiers et les villageois.
Nous espérons avancer rapidement dans ce dossier afin de pouvoir leur offrir une solution à court terme, afin qu’ils ne se sentent pas abandonnés ! Les premières familles ont déjà quitté le village en quête d’un endroit plus clément. L’EAU C’EST LA VIE !
Rencontre des enseignants
L’après-midi, rencontre des enseignants. Beaucoup de demandes pour améliorer le matériel scolaire et deux demandes auxquelles nous répondons avec enthousiasme : des cours de français et des bibliothèques avec des livres en français et en malgaches !
Un enseignant nous demande comment Madaquatre ‘trouve’ l’argent pour les 3 écoles. Michelle explique le système de parrainage collectif et égraine toutes les activités de Madaquatre. Ils n’en reviennent pas et les demandes cessent aussitôt … Ils semblent avoir compris que, pas plus chez nous que chez eux, l’argent ne tombe pas du ciel !
Le 1er juin, nous passons une bonne partie de la journée à Andrénalafotsy : rencontre avec les parents, avec les enseignants et visite de chaque classe.
À notre grand étonnement, les parents ne savent pas comment déclarer la naissance de leurs enfants ! Sr Jeannette nous avait dit avec beaucoup de respect pour ces villageois : ils sont pauvres en tout, et nous découvrons ce que cela peut vouloir dire concrètement dans la vie de tous les jours !
Michelle les connaît depuis 10 ans et n’avait pas encore mesuré cela. Cela fait mal au cœur ! Surtout la demande principale, qui revient comme un leitmotiv : DE L’EAU !
Nous leur répondons que nous ferons tout ce qu’il nous sera possible de faire, mais que nous ne promettons rien ! Ils espèrent tellement un miracle !
Après un dernier repas avec les sœurs, nous rencontrons les parents des élèves de Tandila : 220 parents présents ! Là aussi, quel changement par rapport aux premières années où il y avait maximum 5 – 6 parents assis au fond de la classe à même le sol, ne disant rien ou presque…
Les demandes vont d’une diminution d’écolage à une augmentation des dons de matériels scolaires et, là aussi, nous expliquons comment nous parvenons à répondre aux besoins des écoles et des enfants. Et, là aussi, les demandes cessent et des mercis fusent de toute part.
C’est déjà l’heure de quitter les écoles, avec des sentiments mitigés : beaucoup de joie, mais aussi tellement de tristesse d’avoir l’impression de les abandonner à leur sort ! Quel peuple courageux et combatif !
Le dernier jour, avant de quitter Morondava, nous faisons une halte à Bemanonga et rencontrons le proviseur du lycée où les collégiens sortants continuent leur scolarité jusqu’au Bac !
Il nous reste à rencontrer quelques filleuls à Imito près d’Ambositra et à Antananarivo.
Les trajets nous paraissent encore plus pénibles qu’à l’aller ! À Imito les jeunes sont heureux de nous revoir et d’entendre que nous cherchons une solution d’étude adaptée à chacun d’eux.
Sur le trajet du retour nous faisons une halte ‘tourisme’ à Ampefi ! Tellement beau ! Geyser, chute de Lily et l’Ilot de la vierge, centre géographique de la grande île. Cela valait le détour et pour ne rien gâcher, nous logeons dans un hôtel avec eau chaude ! Quel luxe !
Retour à Antananarivo
À Antananarivo, après les achats d’artisanat que nous vendrons lors du repas malgache, du marché de Noël ou en d’autres occasions … il nous restait à visiter le Centre Notre Dame de Clervaux, centre salésien, soutenu par la paroisse Ste Suzanne. En effet, comme Geneviève et Philippe sont de cette paroisse, et ce centre est un des projets de l’AMIE, c’est l’occasion de faire connaissance avec le Père Erminio et de visiter ce centre où tant et tant de jeunes en difficulté viennent se former au travail du bois, du fer, à l’électricité, mécanique auto, informatique, élevage, agriculture, etc.